Ogre
et Goule ou La noblesse de Yakinbra
(témoignage
de Lord Menach)
"J'observai en silence les
monstres qui venaient à notre rencontre...
Une
goule et, plus terrifiant, un ogre. Je venais de retirer mon épée du
cadavre d'une autre goule, quand j'entendis
Yakinbra hurler : l'ogre avait deux
adversaires, noblement.
Oui, noblement, car en cet
instant je réalisai que le troll qui
se levait face à deux impitoyables créatures, ce troll, mon compagnon,
Yakinbra, avait tout autant de noblesse si ce n'est plus que certains
humains que j'ai côtoyés.
La suite des évènements
restera gravé à tout jamais dans ma mémoire :
Yakinbra, ensanglanté, avait
compris que Grumf et moi n'étions
pas encore prêts à frapper. Pour nous permettre de porter les coups
fatals que méritaient ces viles créatures, Yakinbra se jeta au devant
de la goule qui lacéra le puissant poitrail de notre compagnon. Là encore,
Yakinbra se releva. Là ou d'autres auraient capitulé, se seraient laissés
mourir, Yakinbra se dressa sur ses pattes, se retourna vers nous pour
nous rassurer : "N'ayez crainte, je vais soigner mes blessures et je reviendrai.
Réservez leur le sort qu'ils méritent, ces vermisseaux" sembla-t-il
nous dire avant de s'enfoncer dans le tunnel obscur, loin de nous.
Galvanisé par l'héroïsme de
Yakinbra, Grumf se jeta sur l'ogre. Je fus sidéré
par la rapidité de ses attaques : son épée par deux fois atteignit l'ogre
lui portant des coups qui auraient certainement massacré un zombi ou
une autre de ces immondes créatures que nous avions déjà rencontrées, mais
pas cet ogre.
L'ogre ricanait, semblant sûr
de porter un coup fatal à ce Troll
qui n'avait pas réussi à l'éliminer définitivement. Je compris que je
devais foncer sur l'ogre à cet instant précis. Je me ruai sur lui en essayant
de planter mon épée là où Grumf venait de me montrer. Toute mon énergie
fut dans mon coup. Je devais finir cet ogre pour Grumf, et pour Yakinbra.
Mon épée s'enfonça profondément dans le cœur de l'ogre. Ce dernier
s'effondra dans un râle. Victoire ! Grumf et moi ne prîmes pas le temps
de savourer notre joie. Nous échangeâmes un regard : oui, ça va être ta
fête la goule..."
Lord Menach
